Fibromyalgie et massage sonore Peter Hess

Définition de la fibromyalgie

Source : http://www.rhumato.info/cours-revues2/98-fibromyalgie/1664-la-fibromyalgie

« La fibromyalgie est un syndrome rhumatismal caractérisé par un état douloureux musculaire diffus évoluant de façon chronique associé à une fatigue, un dérouillage matinal, des troubles du sommeil et de l’humeur, la présence de points douloureux caractéristiques à la palpation et divers autres symptômes.

Il s’agit d’une affection fréquente mais malheureusement encore largement méconnue par les médecins. Le tableau typique est représentée par une femme de la cinquantaine consultant pour des douleurs diffuses « j’ai mal partout ! » évoluant depuis des années et il est classique de recevoir ces patientes avec de gros dossiers contenant une multitude d’examens complémentaires (tous normaux) et une pile d’ordonnances (toutes jugées plus ou moins inefficaces).

On retrouve cette maladie partout dans le monde. La prévalence est autour de 2% dans la population générale 2 – 57 % des consultations de médecin généraliste et de 14 – 20% des consultations de rhumatologie. Elle représente actuellement le 3ème « rhumatisme » pris en charge par les rhumatologues. Elle touche la femme dans 80 – 90% des cas le plus souvent entre 30 et 60 ans mais peut se rencontrer aussi chez l’homme et chez l’enfant. Elle est plus fréquente dans les milieux défavorisés et de faible niveau d’instruction. »

Le point de vue d’Hayat El Maataoui (thèse de fin d’étude en Pharmacie, 2007)

Les points de vue exprimés dans cette thèse sont particulièrement intéressants car ils embrassent une vision large voire holistique du problème, je prends la liberté d’en reporter quelques uns ici. Je n’ai pas repris les références bibliographiques citées que l’on pourra retrouver directement dans la thèse.

« Divers facteurs « étiologiques » peuvent être incriminés qu’il est commode quoique assez artificiel de classer en facteurs prédisposants précipitants et d’entretien :

  • les facteurs prédisposants comprennent les expériences passées de maladies organiques et traumatismes psychologiques et les traits de personnalité ainsi que les antécédents de dépression (plus fréquents chez les asthéniques chroniques et les fibromyalgiques que la dépression actuelle) ; les facteurs précipitants peuvent être infectieux traumatiques (par exemple un traumatisme cervical inaugural est parfois retrouvé chez les fibromyalgiques) ou des facteurs de stress non spécifiques (événements de la vie tels les séparations : départ des enfants du foyer pour études ou mariage ou décès d’un conjoint par exemple épuisement professionnel etc…) ;
  • parmi les facteurs d’entretien et de renforcement se placent des facteurs physiologiques (dont le rôle est important dans le cas de la fibromyalgie) comme les troubles du sommeil et le déconditionnement musculaire des facteurs psychologiques (démoralisation perte de confiance crainte de souffrir d’une maladie grave croyances erronées sur les symptômes corporels) et des facteurs sociaux (statut social de malade comportant d’éventuels bénéfices secondaires difficultés professionnelles litiges avec les organismes sociaux) ;
  • ces facteurs interagissent en cercles vicieux complexes qu’il faut essayer de dérouler. Par exemple une infection virale chez un sujet vulnérable (stressé en carence de sommeil aux antécédents de maladie anxieuse) déclenche myalgies et fatigue. Le repos favorise le déconditionnement musculaire et donc l’intolérance à l’exercice la survenue de douleurs à l’effort et des troubles du sommeil qui gênent la récupération. La persistance des symptômes entraîne une perte de confiance en soi et des inquiétudes sur la maladie (particulièrement si des proches souffrent de maladies organiques graves) qui renforcent à leur tour la focalisation de l’attention sur le corps. Une démoralisation voire une authentique dépression peut s’installer aggravant à son tour les préoccupations vis-à-vis des symptômes physiques les troubles du sommeil et la perception douloureuse. La découverte d’une anomalie radiologique ou biologique mineure la discordance des avis médicaux reçus la crainte d’être considéré comme un malade imaginaire et la revendication d’un statut de malade parachèvent dans le pire des cas cette « construction » dans laquelle les médecins et en tout cas l’idéologie médicale (qui promeut dans la société la croyance que tout symptôme doit avoir une cause et que toute souffrance relève de la médecine) sont rarement innocents. Une telle approche des symptômes fonctionnels permet de personnaliser la prise en charge de chaque malade (au-delà de l’étiquette diagnostique) de fournir des explications réellement rassurantes et d’ouvrir la porte à des changements positifs.

Physiopathologie

Plusieurs hypothèses sont évoquées pour tenter d’expliquer cette maladie mais aucune n’apporte encore de réponse définitive. Aucun de ces mécanismes ne fait l’unanimité et n’est encore prouvé par une méthodologie scientifique rigoureuse. On suggère présentement que la FM résulte d’interactions complexes entre des stresseurs externes des construits comportementaux des perturbations hormonales des neurotransmetteurs et des systèmes sympathique et immunitaire. Il en résulte un abaissement du seuil douloureux et le syndrome polyalgique diffus caractéristique.

Certaines recherches récentes particulièrement intéressantes ont montré lorsqu’on compare la résonance magnétique cérébrale de personnes normales à celle de fibromyalgiques que l’on soumet à une pression du lit de l’ongle du pouce on constate une réponse douloureuse à 24 kg/cm2 pour les fibromyalgiques et une réponse à 42 kg/cm2 pour le groupe témoin. L’activité cérébrale est aussi différente dans les deux groupes : chez les fibromyalgiques elle augmente dans les régions somatosensorielles primaires secondaires et d’association de même que dans l’insula le putamen et le cervelet. Ce phénomène ne peut s’expliquer uniquement par des facteurs psychologiques.

On a aussi démontré que les récepteurs delta et kappa sont exprimés de façon accrue dans la peau des fibromyalgiques ce qui peut être secondaire à la douleur persistante. Les altérations du sommeil de la sérotonine et de la substance P de même que l’hypothèse d’une hyperexcitabilité de la corne postérieure médullaire sont depuis longtemps connues. Il s’est ajouté récemment le rôle des cytokines (IL Ra IL6 et IL 8) dans les interactions complexes impliquées dans la FM. D’autres études présentent des anomalies neuroendocrines avec une fonction anormale de l’axe hypothalamo-hypophysaire et surrénalien et de l’axe de l’hormone de croissance. Ces anomalies comme celles du système nerveux autonome pourraient expliquer les sensations de douleur d’asthénie et de fatigue dont se plaignent ces patients.

(…)

Traitements non médicamenteux

Elle consiste déjà en une reconnaissance de la réalité de la maladie avec une prise en charge spécifique à chaque patient. Elle repose sur une relation malade-médecin fondée sur la sympathie et l’optimisme. Une prise en charge conjointe avec un psychiatre est souvent envisagée, sous forme le plus souvent d’une psychothérapie de soutien qui reste très indispensable, car la fibromyalgie induit un handicap difficile à accepter avec ses symptômes imprévisibles. En découlent des sentiments d’amertume, de frustration, d’insécurité, de découragement, de dévalorisation et de solitude bien compréhensibles, difficiles à surmonter. Ces sentiments deviennent des facteurs stressants supplémentaires aggravant les symptômes physiques. Sortir de ce cercle vicieux devient l’objectif incontournable de toute personne atteinte de fibromyalgie. Les techniques mentales (relaxation, sophrologie) sont aussi très importantes, elles permettent de diminuer la tension physique accumulée en réaction au stress. Les patients doivent se préserver des périodes de repos et de relaxation dans la journée. La thérapie cognitivo-comportementale s’est révélée aussi efficace et permet aux patients de modifier de façon durable les comportements défavorables en y substituant des attitudes plus adaptées. Le patient pourra ainsi apprendre à mieux répartir ses activités quotidiennes, en évitant l’inactivité prolongée ou l’hyperactivité, tout en favorisant sa réinsertion sociale progressive. Ces thérapies ont aussi particulièrement montré leur efficacité en terme de douleur, de fonction, de fatigue et d’humeur dans différentes études randomisées et contrôlées.

Techniques adjuvantes

  • Massage. Les massages doivent être appliqués de façon individualisée par des kinésithérapeutes habitués à s’occuper de patients fibromyalgiques. Le massage doit être doux et avoir une action décontracturante, il s’avère utile pour calmer et stimuler la circulation sanguine des muscles tendus et douloureux. Il peut aussi être très utile pour éliminer les toxines qui se sont accumulées, comme l’acide lactique, et pour la rééducation des muscles et des articulations qui se sont mécaniquement mal positionnés. Le massage peut être effectué de plusieurs manières et peut être souvent combiné avec des ultrasons et/ou l’application de compresses chaudes ou froides. D’autres recherches ont permis de constater d’autres impacts positifs de la relaxation sur la fibromyalgie comme la réduction de la dépression, de la douleur et de l’utilisation d’analgésiques, l’amélioration de la mobilité, du sommeil et de la qualité de vie ainsi qu’une diminution du sentiment d’impuissance.
  • Balnéothérapie. Elle est très appréciée car elle permet aux patients, grâce à l’effet porteur et décontracturant de l’eau chaude, d’effectuer des exercices d’entretien articulaire ou de tonification musculaire qui seraient de réalisation impossible à sec. La balnéothérapie permet ainsi d’apaiser la douleur et de stimuler la circulation sanguine dans les muscles tendus. Le retentissement psychologique positif est alors important, en début de prise en charge, permettant une progression ultérieure.
  • Relaxation. Il n’est pas surprenant que la douleur et les symptômes relatifs à la fibromyalgie entraînent un stress important dans le corps. Des études récentes suggèrent que, physiologiquement, les patients fibromyalgiques n’arrivent tout simplement pas à bien gérer le stress d’où l’intérêt de la relaxation. L’effet bénéfique de la relaxation est lié à son action sur les différentes composantes associées à la fibromyalgie : hyperréactivité au stress, anxiété, et troubles du sommeil. La technique de biofeedback montre particulièrement des résultats favorables avec une amélioration significative des scores à l’échelle visuelle analogue et de la raideur matinale. Son objectif est d’apprendre au patient à contrôler une tension musculaire ou une fréquence respiratoire, en utilisant au départ des appareils qui rendent visibles ces paramètres physiologiques. Deux études contrôlées démontrent que le biofeedback aiderait surtout à mieux vivre avec la maladie. De même, les techniques d’hypnose améliorent la symptomatologie chez près de 50 % des patients fibromyalgiques et montrent une amélioration de l’expérience de la douleur, de la fatigue matinale, de la qualité du sommeil »

Le réflexe inflammatoire

Kevin J. Tracey, dans son article publié en 2002 (The inflammatory reflex, Nature, 2002, https://www.nature.com/articles/nature01321) montre que l’acétylcholine est un neurotransmetteur utilisé par le système nerveux parasympathique pour réduire le processus d’inflammation chronique. Le Dr Maren Pohl-Hauptmann affirme que ceci est d’une importance particulière car il y a des signes toujours plus nombreux qui laissent penser que les maladies chroniques, en particulier la fibromylagie, et même les maladies coronariennes, sont causées par une inflammation latente qui progresse silencieusement. La relaxation par le massage sonore prend ici un intérêt tout particulier, au moins à titre préventif.

Les effets du massage sonore Peter Hess

On observe que le massage sonore Peter Hess agit comme un anxiolytique naturel, non médicamenteux: des études en cours au CHR de Clermont-Ferrand laissent penser que l’effet relaxant des ondes sonores est transmis par la peau à la moelle épinière et au cerveau stimulant la décharge de neurotransmetteur comme la sérotonine, la dopamine, l’ocytocine, qui vont avoir un impact favorable.

Par son action favorable sur la tension artérielle, les troubles liés au système nerveux, par la décontraction profonde qu’il induit jusqu’à produire à l’état de veille des trains d’ondes cérébrales que l’on retrouve dans le sommeil profond (états hypnotiques), on peut faire l’hypothèse que les protocoles de massage sonore Peter Hess ont une action régulatrice sur le système nerveux parasympathique et le nerf vagal, qu’ils mettent ainsi en action le réflexe inflammatoire pour favoriser une diminution de l’état inflammatoire.

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